Quatre fourchettes armoriées

Parenté de Joséphine de Beauharnais

Quatre fourchettes en argent armoriées
Modèle filet
Longueur. ~20 cm
Poids : 354g
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Pour trois d’entre elles :
- Poinçon de charge pour les gros ouvrages d'argent, Paris 1768-1774 (Un A couronné fleuronné) [Bimbenet n°465, p.144];
- Poinçon de jurande pour Paris, du 12.07.1769 au 16.07.1770 (Un F couronné) [Bimbenet n°480, p.145];
- Poinçon de décharge pour les menus ouvrages d’argent passant à l’étranger, Paris 1768-1774 (une petite vache) [ Bimbenet n°474, p.144];
- Poinçon du maître orfèvre Nicolas Gonthier (1738 - >1793), reçu maître en 1768 (Fleur de lys couronnée, les deux grains NG, une crosse) [Nocq p.265, avec reproduction du poinçon].
Pour la quatrième :
- Poinçons pour Londres 1801, orfèvre Richard Crossley (variante de l'écu, ici sans pointe, pour la lettre-date) [Bradbury, p.42].
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Armoiries d’alliance sous couronne de marquis
Nous proposons le blasonnement suivant:
À dextre:
D’azur à la fasce chargée de trois yeux, accompagnée en chef de trois étoiles et en pointe d'une levrette courante, le tout d'argent
À senestre:
D'argent au chevron de sable accompagné de trois têtes de coq de gueules, barbés et crétés de même.


Ces armoiries renvoient aux familles de Calmeilh & Gaigneron des Vallons, avec quelques différences par rapport à la littérature où l'on trouve, pour Calmeilh, trois yeux rangés en fasce, étoiles et levrette d'or et, pour Gaigneron, un chevron d'azur, des têtes de coq de même, barbés et crétés de gueules.
 
La gravure, usée sur les fourchettes parisiennes, est mieux conservée sur le réassort londonien, plus tardif de trente ans.
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Nous proposons d'écrire, à propos de ces fourchettes, le fragment d'histoire suivant:

François de Calmeilh (1722-1770), seigneur de Poyanne et de Fontenille en Guyenne, épouse le 21 juillet 1761 Louise Gaigneron des Vallons, née en 1739 au Lamentin en Martinique; elle mourra à Bordeaux en 1815.
Louise prit part aux assemblées de la noblesse à Bordeaux en 1789. Le château de Fontenille, dans lequel a séjourné Madame Tallien lors de son séjour bordelais en 1793-1794, est bientôt déclaré bien national; composé selon l'inventaire de 13 pièces au rez-de-chaussée, 7 à l'étage et d'une chapelle privée, il n'est pas d'un grand rapport et sera vendu à un certain Mathieu le 23 Floréal de l'an II (mai 1794). Il abrite aujourd'hui les Haras des Jac (Jacques Grandchamp de Raux).

Louise émigre alors en Angleterre avec ses deux filles. L'une d'entre elles, Reine (1768-1844), épouse en 1801 à Westminster le capitaine de vaisseau Pierre Marie de la Grandière (1765-1827).

Il est tentant de voir dans la fourchette londonienne, justement datée de 1801, un réassort de la ménagère de Louise et de François à l'occasion du mariage de leur fille.

Par le biais des alliances familiales et de ses origines martiniquaises, Louise - dont la mère est une Papin de Lépine - est apparentée à Joséphine de Beauharnais (unions Papin de Lépine des Barrières & Duval, Duval & des Vergers de Sannois, des Vergers de Sannois & Tascher de la Pagerie); Reine, la fille de Louise, est donc la petite-cousine de l'Impératrice des Français.
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Références
- Michèle Bimbenet-Privat et Gabriel de Fontaines, La datation de l'orfèvrerie parisienne sous l'Ancien Régime, Paris-Musées 1995
- Henry Nocq, Le poinçon de Paris, tome II, Léonce Laget, Paris 1968
- Frederick Bradbury, Book of Hallmarks, J. W. Northend, Sheffield 1980

REF : 399
Vendu

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