Chaise à porteurs XVIIIe

France, époque Louis XV

Très bel état d'origine
France, époque Louis XV
vers 1760
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Hauteur: 165 cm
Largeur: 72 cm
Prof. max: 90 cm
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La caisse
Panneaux en bois léger peints en faux bois.
Montants et traverses moulurés peints à l'huile en faux or.
Beau toit en dôme recouvert de cuir épais, fixé au châssis par des clous de bronze et enrichi, aux quatre angles, de pinacles en bronze massif qui viennent parachever la sculpture en agrafe des montants.
L'arrière de la caisse est soutenue par des équerres en bois renforcées d'épars en fer forgé.
Beaux passants en fer forgé pour les bâtons, vissés et cloués à la caisse.
La portière est munie de son olive en bronze massif d'origine.
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L'intérieur
Intérieur entièrement d'origine en velours frappé à motif de feuilles découpées. Toute la caisse est tapissée de velours rouge, à l'exception de l'intérieur de la portière qui a reçu un velours or.
Dais tapissé et frangé.
Les deux accotoirs sont présents, encore munis de leurs franges; on notera, sur l'accotoir gauche, un galon de velours or en rappel de celui de la portière.
Les fenêtres, avec leurs vitres d'origine, sont toujours pourvues de leur galon terminé par un gland de passementerie sur âme de bois.
Trois petites poignées en galon sont fixées sous chacune des fenêtres; celle de la portière est terminée par un gland de passementerie.
Un coffre à couvercle aux charnières de cuir fort fait office de siège.
Le fond de la caisse est recouvert d'un cuir épais remontant sur le bas du coffre et sur les côtés; le fond de la portière est également recouvert de cuir.
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Rapport de condition
L'état général est bon.
Le cuir du toit est complet mais déchiré; il manque un des clous de bronze.
Un des passants ne tient plus que par une vis.
La fenêtre de la portière coulisse bien dans son logement; les deux autres fenêtres sont bloquées en position haute (je n'ai pas voulu insister :-).
Marques d'usage sur la caisse et les montants, sans gravité.
Le velours intérieur a semble-t-il été lacéré et recousu.
Il manque le coussin, dont la hauteur peut être restituée par celle de la bande de lin.
La traverse arrière, en bas de la caisse, a été arrachée.
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Discussion
Notre chaise, dans sa forme générale et sa simplicité, se rapproche beaucoup de deux chaises à porteurs de la Maison du Roi, datées vers 1760 et conservées au château de Versailles. On retrouve en effet sur celles-ci la même association de panneaux sombres unis et de montants vernis or.
Ces chaises "témoignent de ce qu'était la production carrossière en série dans le derniers tiers du XVIIIe siècle. Pour répondre à la demande croissante de véhicules, certains fabricants proposaient des caisses toutes prêtes, réalisées peu ou prou sur le même modèle car la maîtrise de gestes répétés permettait une plus grande rapidité d'exécution. Cette simplification du travail a été critiquée par André Jacob Roubo, auteur de L'Art du menuisier (1769), qui déplorait le manque de créativité et d'inventivité des ouvriers et la monotonie de la production qui en résultait" [MAGGIANI 2012, p. 72].
Notre chaise correspond parfaitement à cette description. Dépourvue d'armoiries, sans décor, elle faisait peut-être partie d'une flotte de chaises de louage, comme on en trouvait alors beaucoup en ville.
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Le Monneron de 5 sols de 1792
En scrutant à la lampe de poche le vide intérieur de la portière, dans lequel vient se loger la fenêtre en partie basse, nous avons retrouvé un Monneron de 5 sols daté de 1792, récupéré après maintes péripéties à l'aide d'une canne à pêche improvisée :-)
Ces médailles de confiance en cuivre, frappées à grands frais en Angleterre par les frères Monneron (qui finiront ruinés), ont eu cours de 1791 à 1793.
Est-ce un passager qui l'a perdue au moment de payer son dû?
On ne le saura jamais, mais cette belle découverte a fait notre journée, en tout cas.
Ce Monneron sera bien entendu remis solennellement à l'acheteur, en échange de sa promesse de ne jamais se départir de l'un sans l'autre.
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Bibliographie
Marie MAGGIANI, in Roulez carrosses!, Skira Flammarion, Paris 2012

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