Partie de ménagère

Claude Lemire, Paris, 1725

Cette partie de ménagère en argent massif est l’œuvre de Claude Lemire, marchand-orfèvre parisien né en 1698. Apprenti de Samuel Gaudé en 1714, il fait insculper son propre poinçon le 23 juin 1725:

Fleur de lys couronnée, deux grains, CLM, un Saint Esprit.

Domicilié rue de Gesvres, puis rue de Bussy en 1748, les gardes certifient le 8 mars 1751 qu’il a remis son poinçon et requis la pension.

Les couverts sont bien marqués des quatre poinçons réglementaires: le poinçon de maître décrit ci-dessus, les poinçons de charge (A couronné) et de décharge (soleil) utilisés à Paris entre 1722 et 1727 et le poinçon-date de la maison commune (ou jurande) pour 1725 (I couronné).

Pour une explication détaillée du poinçonnage au 18e siècle, on pourra se reporter au billet consacré à une cuillère à saupoudrer de 1766, sur notre blog.

Henry Nocq nous apprend dans Le poinçon de Paris (d’où est tirée notre notice biographique), que Lemire a dû remplacer, le 9 août 1725, son poinçon jugé trop gros par un semblable plus petit. Or, les poinçons de maître présents sur nos exemplaires mesurent effectivement près de 8 millimètres au lieu des 5 réglementaires. Nous avons donc ici affaire au premier poinçon de Claude Lemire, ce qui nous permet de situer l’exécution de cette ménagère entre le 23 juin 1725 et le 9 août de la même année. Un tel degré de précision est rare dans la datation de l’argenterie française de l’Ancien Régime.

Rares également les ménagères complètes de cette époque; à la fin du XVIIe siècle et au tout début du XVIIIe encore, chacun a son couvert serré dans un écrin individuel. On commence à trouver des ménagères à partir de la Régence (vers 1715-1720), limitées à 6 ou 12 personnes – sans la débauche d’ustensiles de service spécialisés qui ne seront à la mode qu’au XIXe siècle. Les ménagères XVIIIe sont rangées dans de très élégants coffrets à couverts en bois naturel ou recouverts de maroquin doré au fer.

Il est très intéressant de noter que la forme des couverts se fixe presque définitivement dans le premier quart du XVIIIe siècle, pour ne pratiquement plus évoluer jusqu’à nos jours. Nos fourchettes sont donc en quelque sorte des archétypes. Les cuillères, quant à elle, sont encore dans une tradition XVIIe siècle, avec un cuilleron effilé et une attache du manche en « queue-de-rat ».

Partie de ménagère (trois fourchettes et deux cuillères) en argent massif (950/1000)
Claude Lemire, Paris 1725
Longueur : 19 cm (fourchette) et 19,8 cm (cuillère)
Poids total : 338 g.

REF : 92
Vendu

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