Jean-Jaques et Louise Aunant, vers 1765

Ecole française, suiveur de François-Hubert Drouais

Jean-Jaques Aunant et son épouse Louise, née Blachière
Paire de portraits d’époque Louis XV, vers 1765
Ecole française
Suiveur de François-Hubert Drouais (1727-1775)
Huile sur toile [rentoilés]
Cadres d’origine
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81 x 65 cm [châssis]
92 x 77 cm [cadre]
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Très bel état.
Les deux portraits ont été anciennement rentoilés.
Quelques retouches anciennes, notamment un repentir visible dans la longueur des doigts de la main droite de Madame.
Les cadres, d’origine, sont en bon état. À signaler la traverse supérieure du cadre de Monsieur qui a été consolidée après une fracture ancienne, due à des xylophages [désormais inactifs].
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Jean-Jaques Aunant (1718-1787) et son épouse Louise née Blachière (1733-… ) sont des descendants de réfugiés huguenots, vraisemblablement originaires du Gard pour le premier et d’Ardèche pour la seconde, installés à Francfort sur le Main en Allemagne. Le père de Louise, Marc André, est né à Francfort en 1703, ce qui plaide pour un exil de sa famille dès la révocation de l’Edit de Nantes, ou peu de temps après. Louise est baptisée à Francfort le 31 mai 1733.
On retrouve dès 1722 à Hanau, tout près de Francfort, un certain Jean Aunant, fabricant de bas de soie, qui est peut-être le père de notre Jean-Jaques. Né en 1718 et mort en 1787 (d’après les indications au dos de la toile), il épouse Louise à Francfort, le 1er décembre 1754.
On retrouve ensuite leur trace à Lyon, dès 1760 : leur fils Marc André y naît le 12 mai, avant d’être baptisé le mois suivant à Rolle (Suisse), en terre protestante.
Jean-Jaques Aunant est un commerçant (MM. Jean-Jaques Aunant & Compagnie), résidant au « Change de Londres », une place financière lyonnaise près de la rue Sainte-Catherine où l’on trouve à louer bureaux, boutiques et logements. Il est cité dans les Affiches de Lyon, de 1763 à 1769, qu’il vende un cheval et un cabriolet peint en verd (23.11.1763) ou des outils d’acier et de fer pour l’horlogerie (04.09.1765) ou qu’il cherche à louer un cabriolet un peu propre pour faire l’aller-retour jusqu’à Genève (29.07.1767). En 1769, il informe qu’une berline très-commode est de renvoi pour Franfort sur le Mein (30.03.1769) [Affiches de Lyon].
Jean-Jaques Aunant est cité comme débiteur des marchands de textiles lyonnais Audras, Gaudin & Cie en août 1765 pour la somme de 2'435 livres, 12 sols et 9 deniers (soit à peu près 25'000 euros) [Dato 2017, p. 64]
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On peut dater ces deux portraits vers le milieu des années 1760. Monsieur approche la cinquantaine, et Madame vient d'avoir trente ans. Le peintre a apporté un soin particulier aux vêtements : Jean-Jaques porte, sous un habit en velours vert sombre moiré assez sobre, un spectaculaire gilet brodé de fils d’or, doublé d’hermine. Quant à Louise, elle est vêtue d’une robe en soie gris acier rehaussée de très gracieuses broderies florales ; elle pose dans un décor arboré avec un panier de pommes et un couteau de jardinier, sacrifiant à la mode champêtre inspirée par Madame de Pompadour.

Ces portraits sont à rapprocher de l’œuvre de François-Hubert Drouais, et particulièrement de son portrait de Buffon réalisé en 1763 [voir dernière photo].
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Références
- Dato, Moïra (2017), Silks for the Crown: five partnerships of merchant manufacturers in eighteenth-century Lyon, Thesis, University of Glasgow [consultable en ligne]
- Les Affiches de Lyon [consultable en ligne]

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