Commode en tombeau, début de l'époque Louis XV

Paris, vers 1730

Commode dite "en tombeau", début de l'époque Louis XV
Paris, vers 1730
Longueur: 127 cm
Prof. max.: 67 cm
Hauteur: 86 cm [dont 4 cm de marbre]
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Notre commode, en placage de palissandre sur bâti de sapin, ouvre à cinq tiroirs sur trois rangs séparés par des traverses à cannelures de laiton. Le galbe des côtés est également souligné d'une cannelure, à hauteur de la traverse supérieure.
Les fonçures des tiroirs sont en noyer, caractéristiques d'un meuble parisien de qualité.
Très vraisemblablement d'origine, l'imposant marbre de Sarrancolin mouluré en bec de corbin mesure 4 cm d'épaisseur. Accidenté et réparé anciennement, il présente une tranche arrière lisse, caractéristique d'un sciage à la scie sans dents avec du sable et de l'eau, pratique courante au XVIIIe siècle (Dubarry de Lassale, légende de la photo 6).
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L'ornementation en alliage cuivreux (poignées, entrées de serrure, chutes & tablier) semble également d'origine (aucune trace probante d'anciennes fixations n'a été observée au démontage). En l'absence d'indices de dorure au mercure, nous supposons que la garniture a été à l'époque mise en couleur d'or, à savoir mordue à l'acide et passée au vernis. Cette technique était fréquente au début du XVIIIe siècle, à la fin du règne de Louis XIV et sous la Régence, même sur les meubles les plus prestigieux ("Bronze mounts often were not gilded but were instead dipped in acid to produce a gold-like color and then lacquered. The process was called mise en couleur d'or", notice du Getty Museum sur une grande horloge parisienne attribuée à Oppenordt et datée de 1712, p.41 note 6).
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La caisse est en sapin, conformément aux habitudes des ébénistes parisiens de la Régence. Solide et bien bâtie, elle est toutefois assez fruste. Le plancher, le dos et le fond sont recouverts d'un badigeon roseâtre, bien documenté sur plusieurs meubles de la collection Philippe Glédel (dont, par exemple, cette très belle commode de Michel Mallerot). Il pourrait s'agir d'une solution de permanganate de potassium (voir Deloche & Mornand, L'ébénisterie provinciale en France au XVIIIe siècle, Faton, Dijon 2011, p.149).
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Le montage des tiroirs dit à fond rampant est également caractéristique de la façon des ébénistes parisiens: les fonds en noyer, rapportés dans les feuillures des montants, coulissent directement sur les planchers ("rappelons que le montage en feuillure ou encore à encastrement, typique des maîtres parisiens, est signe d'une fabrication soignée, et qu'il procure l'avantage de faire glisser le tiroir tout entier sur un plancher sur toute la surface de son fond, rendant inutile la pose de coulisseaux et épargnant ainsi à long terme tout risque d'usure des bords de traverses intermédiaires", documentation Philippe Glédel).
Pour les façades de tiroir, l'ébéniste a collé trois planches les unes sur les autres afin d'obtenir l'épaisseur nécessaire à la découpe du galbe. Cette technique, que l'on retrouve sur des commodes d'époque Louis XIV et Louis XV, permet d'éviter l'éclatement et les déformations d'un bois plus épais (Dubarry de Lassale, photos 8-9 et croquis 2). Elle laisse des traces caractéristiques sur la face interne et le chant inférieur des façades de tiroirs.
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Ce meuble très sincère (à savoir qu'il n'a subi en bientôt trois cents ans pratiquement aucune altération), a bénéficié d'une restauration de grande qualité par un ébéniste-restaurateur membre de l'Association suisse de conservation et restauration SCR SKR.

REF : 501
Vendu

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