Brique de fermeture de la Porte Sainte

Basilique Saint-Pierre, Jubilé 1825

Brique de fermeture de la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre
Rome, 1825
Terre cuite moulée
A. IVBIL 1825 (Année du Jubilé 1825)
R.F.S.P. (Reveranda Fabrica Santi Pietri) [La Congrégation de la Révérende Fabrique de Saint-Pierre est en charge de l'entretien de la Basilique]
Blason de la Congrégation
Au dos, gravé à la pointe, le nom Carlo Piatini [sans doute le donateur de la brique en 1825; parmi les 3'800 briques qui scellaient la Porte Sainte lors du jubilé de l'an 2000, 3'200 étaient signées par les fidèles qui les avaient parrainées lors de la fermeture, 16 ans auparavant].
Dans un cadre sur mesure, sous verre
Brique: 26,5 x 12,5 x 3,8 cm [L x P x H]
Cadre: 35 x 20,5 x 6,5 cm [L x P x H]
Bon état général. Traces de mortier. Petit manque de terre cuite en bas à gauche
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À la fin de l'année jubilaire, la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome est scellée par un mur de briques, qui ne sera abattu qu'au début de l'année jubilaire suivante (25 ou 50 ans plus tard).
Ces briques, dont la première est posée par le Saint-Père, acquièrent un statut de relique sacrée et sont religieusement récupérées par les fidèles.

On peut lire à ce sujet le récit de l'anglais John Moore, qui a assisté aux fêtes du jubilé de 1775:
Une des portes de l’église de S. Pierre se nomme la porte sainte : elle est toujours murée, si ce n’est pendant l’année du jubilé, alors même personne ne peut y passer que dans la plus humble posture. Les pélerins & nombre d’autres aiment mieux se traîner & ramper à genoux pour entrer par cette voye que de s’y introduire par toute autre de la manière accoutumée. J’ai été présent à sa clôture [en 1775]. Le pape étoit assis sur un siège élevé, ou sur une espece de trône entouré de cardinaux & d’autres ecclésiastiques, une antienne accompagnée de toutes sortes d’instrumens a été chantée en musique ; pendant qu’on l’exécutoit, sa sainteté est descendue de son trône, une truelle d’or à la main, il a placé la première brique & a jetté un peu de mortier ; après quoi il est retourné à sa place, & la porte a été sur le champ murée par des mains plus expertes, quoique moins saintes ; & elle restera dans cet état jusqu’au commencement du dix-neuvieme siecle qu’elle sera ouverte de nouveau par le pape alors régnant, avec la même solemnité qu’elle vient d’être fermée [en 1825 par Léon XII]. Quoique sa sainteté ne place qu’une seule brique, il convient cependant de remarquer qu’elle ne manque jamais de communiquer sa vertu d’une manière si rapide & si efficace qu’au bout d’une heure, tout au plus d’une heure & demie, toutes les autres briques qui composent le mur de la porte sainte aquierent un degré de sainteté égal à celui de la brique placée de la propre main de sa sainteté. Le commun peuple & les pélerins connoissent parfaitement cette prérogative & son effet miraculeux. Au commencement de l’année du jubilé, lorsque la précédente muraille a été par terre, les hommes, les femmes, & les enfants se sont disputés & battus pour obtenir quelques fragmens des briques & du mortier, avec la même avidité qu’une populace moins éclairée montre dans des jours de réjouissances publiques à ramasser les poignées de monnoye qu’on lui jette. On m’a souvent assuré que ces morceaux, outre leur sainteté, ont encore la vertu de guérir plusieurs maladies très-dangereuses [...].
John Moore, Essai sur la société et les mœurs des Italiens, ou Lettres d’un voyageur anglois sur l’Italie, tome second, à Lausanne chez François Grasset, 1782, p.32-34

Quant à Geoffroy de Grandmaison, il nous raconte comment la porte sainte fut scellée à l'issue de l'année jubilaire de 1825:
Il s’agissait maintenant de clore ces grandes fêtes du Jubilé Romain. Le 24 décembre [1825], le Saint-Père vint fermer la Porte Sainte. Il officia d’une manière d’autant plus majestueuse que son visage portait l’empreinte de la souffrance et de la componction.
Après les Vêpres de la Sixtine, la procession traditionnelle se déroula jusqu’au portique Saint-Pierre par l’intérieur de la Basilique. Le pape revêtu du pluvial, les reins ceints d’un tablier, s’approcha de l’ouverture et, à genoux, posa sur une truelle d’argent la première brique : « En vertu de Notre-Seigneur Jésus-Christ fils du Dieu vivant – Qui a dit au prince des Apôtres : Tu es Pierre – Et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise – Nous plaçons cette pierre primaire – Pour fermer cette porte sainte – Qui doit être ouverte chaque année du Jubilé. Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit. Amen. » Sa Sainteté jeta dans le mortier une poignée de pièces de monnaie et des médailles ; les unes représentaient la Porte Sainte, les autres Minerve Hygie (déesse de la santé), choix assurément bizarre pour célébrer le rétablissement d’un Souverain Pontife. Les Pénitenciers achevèrent le scellement des briques de la Porte sacrée.

Geoffroy de Grandmaison, Le jubilé de 1825, étude historique. Paris, 1902, p.60-62

REF : 512
Vendu

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